Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 21 juin 2018
Énergies renouvelables

Éolien en mer : les projets relancés, le gouvernement ayant obtenu une baisse des tarifs de rachat

Le gouvernement a finalement remporté le bras de fer qu’il a engagé avec les industriels de l’éolien : ceux-ci ayant accepté de réduire de 30 % les tarifs d’achat de l’électricité produite par les éoliennes en mer, les six parcs prévus depuis 2011 en Manche et sur la façade atlantique verront bien le jour, entre 2021 et 2024. C’est un soulagement pour les élus de ces régions, cette filière représentant un vivier d’emplois non négligeable.
Entre 2011 et 2013, l’État avait passé des appels d’offres pour la construction et l’installation de six parcs éoliens off-shore, au large de Dieppe, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire et Yeu-Noirmoutiers, chacun d’une puissance de 450 à 500 MW. À l’époque où ont été décidés ces chantiers, les conditions techniques rendaient cette énergie très coûteuse, et les tarifs de rachat de l’électricité étaient très élevés.
Mais depuis, les progrès techniques réalisés ont fait diminuer le prix de production de l’électricité produite par l’éolien en mer. Depuis plusieurs mois, le gouvernement souhaite donc renégocier ces appels d’offres avec les industriels. Cette question s’est notamment invitée dans le débat sur le projet de loi pour un État au service d’une société de confiance, en mars (lire Maire info du 13 mars). Le gouvernement avait alors introduit dans le texte un amendement permettant de « renégocier les appels d’offres »  afin de les « améliorer »  lorsque des baisses de coût substantielles peuvent être envisagées grâce au progrès technique.
À l’époque, les industriels du secteur s’étaient naturellement montrés outrés et avaient menacé de se retirer purement et simplement de tous les projets, pointant le risque d’annulation des quelque 15 000 à 17 000 emplois prévus autour des six chantiers d’éoliennes off-shore. Le gouvernement a choisi de tenir bon, estimant que les rémunérations prévues par les appels d’offres de 2011 et 2013 étaient « excessives », et a brandi lui aussi la menace d’annuler purement et simplement les appels d’offres.
Quelques mois de négociations (que le Premier ministre a qualifiées de « musclées » ) plus tard, tout est rentré dans l’ordre : selon des déclarations du président de la République, hier, et un communiqué du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, « les industriels ont proposé des économies significatives entraînant une réduction de 30 % des tarifs à la mise en service, ce qui permet de réduire le coût de soutien public de 40 %. La poursuite des 6 projets est assurée, tout en assurant une réduction des coûts pour la collectivité de plus de 15 milliards d’euros. »  Le ministre se félicite d’un « double gain », à la fois « écologique et économique ».
Il est à espérer que l’aboutissement de cette négociation va donner un coup de fouet à ces projets, en attente depuis des années sans que le moindre début de commencement de chantier ait vu le jour – les contrats d’obligation d’achat ne sont d’ailleurs toujours pas signés. Ces chantiers, outre l’impact qu’ils auront sur la quantité d’énergie renouvelable produite en France, auront de fortes implications économiques sur les territoires concernés, avec l’obligation d’aménager des ports (220 millions d’euros ont déjà été investis par la région Bretagne), de construire des installations d’atterrage des lignes électriques, etc. Plusieurs industriels (General electric, Siemens) ont prévu, voire engagé, la création d’usines de construction de nacelles ou de pales, notamment à Cherbourg ou au Havre.
Les élus locaux se disent aujourd’hui « rassurés ». Notons toutefois que la question des éoliennes n’a pas fini de faire débat : hier, dans le journal Le Figaro, dix parlementaires (LaREM et LR) ont signé une tribune pour demander un « moratoire »  sur l’installation des éoliennes, au motif qu’elles défigurent les paysages et souffrent d’un manque d’acceptabilité de la part des populations. Ils proposent de stopper l’implantation des éoliennes terrestres, et de n’installer des éoliennes off-shore qu’à « au moins 50 km des côtes ».
F.L.

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